LYON RESPIRE ENCORE. Créé immédiatement après-guerre, place forte du volley français – certes davantage par sa longévité que son réel palmarès –, l’ASUL Lyon (Association sportive universitaire lyonnaise, 400 licenciés, 19 salariés) n’en est pas moins un monument historique dans la région, qui a notamment beaucoup contribué au développement de la discipline sur la capitale des Gaules et alentours.
L’histoire de la structure “asuliste“ a souvent été marquée par des déboires financiers, les derniers en date (2018) voyant les dirigeants préférer quitter le monde professionnel plutôt que mettre le club en péril en persistant.
LYON FORTEMENT SOUTENU. Revenu en LBM à l’orée de la présente saison, l’on sait l’ASUL toujours en grande difficulté. Fin décembre, le club rhodanien était ainsi frappé d’une mesure de rétrogradation administrative à titre conservatoire. La semaine passée, 72 heures après un match que les Fréjusiens, Loïc Geiler en tête, ont « remporté dans un contexte très particulier, très émouvant », l’ASUL passait devant le Tribunal de commerce. Alors que tout un chacun – notamment le millier de spectateurs qui avait rempli le petit Palais des Sports de Gerland samedi dernier – s’attendait à ce que soit prononcé la liquidation pure et simple du club, et l’arrêt de son activité, le Tribunal a finalement accordé un mois de sursis aux dirigeants lyonnais pour prouver à un administrateur qu’un plan de redressement suivi et crédible est établi pour relever l’entité rhodanienne.
LYON ÉTRANGLÉ FINANCIÈREMENT. Une cagnotte participative a même été lancée sur les réseaux sociaux, alors que les instances institutionnelles locales attendaient précisément ce verdict pour entériner les aides financières promises. La Métropole de Lyon a ainsi annoncé une aide de 70.000 € (l’ASUL espérait 10.000 € de plus), la Ville s’étant également engagée « à verser les subventions si le Tribunal ne prononçait justement pas la liquidation », ainsi que l’expliquait dernièrement sur la plage Facebook du club le trésorier Illiec Turki.
Pour l’heure en cessation de paiement, le plan de sauvetage temporaire a été fixé, l’ASUL sollicitant 80.000 € auprès la Métropole et 140.000 € de la Ville « afin de terminer la saison », continue le trésorier, et notamment de procéder au paiement de nombreux salaires en retard pour les joueurs et le staff.
L’ASUL n’est pas encore totalement sauvée pour autant, mais l’on peut espérer que le mois de sursis permettra aux dirigeants, partenaires et instances locales de trouver la (les) solution(s) pour pérenniser l’avenir. Joueur de l’effectif asuliste formé au club, le passeur Hugo Caporiando, « investi et installé à Lyon » assimilait d’ailleurs cette liquidation judiciaire à une « potentielle fin de carrière à titre personnel », faisant état de « beaucoup de peurs, d’incertitudes et de tristesse parce qu’on est attachés au club ».
LYON DU PARADIS À L’ENFER EN SIX MOIS. Vainqueure de sa poule (1ère phase) en Élite devant Harnes et Conflans, avant de terminer 3e de la phase de play-offs, l’ASUL avait été acceptée en Ligue B au terme de la campagne 2021-2022. Créant dans la foulée son Centre de formation. Six mois plus tard, notamment lors de la venue des Rhodaniens en terre fréjusienne début décembre, couraient déjà les rumeurs de difficultés financières de l’ASUL et de salaires non versés.
À QUI LA FAUTE ? À partir de ce constat, l’on peut sérieusement se poser de nombreuses questions entre l’ASUL – qui reconnaît d’ailleurs « une mauvaise gestion liée à une gouvernance incompétente face au monde sportif professionnel, un dépassement de la masse salariale, une anticipation sur des subventions publiques, une surestimation du sponsoring / mécénat privé… », comme écrit tel dans un récent article édité sur la plateforme LYONMAG.com, ou peut-être une CACCP (Commission d’aide et de contrôle des clubs professionnels) pas assez vigilante sur le coup…
LYON SOUS ASSISTANCE RESPIRATOIRE. Quant à l’avenir du club, rien n’est donc assuré encore. Disparition de la section professionnelle (et concomitamment du Centre de formation) ? Maintien de la section amateur avec un plan d’apurement de la dette sur plusieurs années ? Rétrogradation sportive, en Élite ou retour en Nationale 3 ?…
Bref, beaucoup de questions demeurent encore en suspens, et l’ASUL, ses joueurs, ses employés, tout comme les spectateurs amoureux du volley dans cette grande métropole qu’est la capitale des Gaules, auront encore des occasions de trembler…