« Comme un dingue ! Un vrai gosse, j’étais fou ! » Nous venions le voir pour présenter le premier match des play-offs et ce délicat déplacement à Illac. Voire, en aparté, évoquer sa toute récente nomination à la tête de l’équipe de France A’. Du moins en étions-nous restés là de ce qui était déjà une excellente de voir l’entraîneur fréjusien appelé à des responsabilités nationales. Et Loïc Geiler, la banane jusqu’aux oreilles, de rectifier tout de go en se marrant, « mais non, ç’a changé depuis… hier ».
Embauché… au téléphone
« J’ai eu un coup de fil de la Fédé » et l’interlocuteur au bout du fil qui lui annonce qu’il a une « nouvelle » pour lui. Étonnement et petit coup d’adrénaline pour le coach fréjusien qui, quelques jours plus tôt, a passé « comme un “entretien“ au téléphone » avec Andrea Giani, tout nouveau sélectionneur de l’équipe de France de volley, championne olympique en titre depuis son sacre à Tokyo l’été dernier !
Et l’entraîneur varois de confirmer qu’il avait été retenu par celui qui est également l’entraîneur de l’équipe italienne de Modène, en qualité d’adjoint aux côtés du Transalpin Roberto Camara, fidèle parmi les fidèles, adjoint de Giani à la tête de la sélection germanique (pendant 5 ans) ou encore à Modène.
Avant de nous intimer, « mais tu ne sors rien pour l’instant, le temps déjà que les autres entraîneurs pressentis soient avertis et puis, on a le championnat pour l’instant ».
Pas de problème chef, on “fait canard“. Mais on n’en prépare moins ce présent article car, comme s’en réjouit aussi le président Alexandre Bonnard, « quelque part, c’est aussi une belle récompense du travail accompli au sein du club. Ajouté au travail réalisé dans le cadre de la formation, et dont on voit les fruits cette saison avec trois équipes qualifiées (M15 garçons et filles, M18 garçons, Ndlr) en phase finale de la Coupe de France jeunes ».
2022-2023 : 10e saison (comme coach) dans le Var
Débarqué dans le Var en tant que joueur en 2011 – suite à l’appel de son pote du Centre de haut niveau à Montpellier, un certain Julien Laporte –, Loïc endossera rapidement le costume d’entraîneur-joueur. Avant de laisser le terrain, handicapé par un corps fatigué, « épaule, genou, cheville… ». Le natif de Charenton entamera ainsi à la rentrée prochaine sa 10e saison à la tête du Fréjus Var Volley (feu l’AMSLF Volley-Ball). Où il vient de boucler la campagne la plus aboutie du club depuis le retour dans le monde professionnel, 5e de la phase régulière, et en dépit de l’élimination pour le moins frustrante (à14-16 dans le 5e set décisif de la “belle“ des quarts de finale à Illac).
Mais revenons à la sélection nationale. Pour laquelle l’Italien Andrea Gianni, également entraîneur du club de Modène (et d’un certain Earvin Ngapeth), a été appelé à la rescousse suite à la démission pour raisons personnelles (et notamment familiales) du Brésilien Bernardinho. Il s’est engagé pour deux ans et demi, une fin de contrat qui correspondra à Paris-2024 : conserver les lauriers olympiques constitue d’ailleurs le principal objectif assigné à Giani.
« Le lien entre les joueurs et le staff »
« Je connais un peu Andrea, explique Loïc Geiler. En fait, on s’est croisés l’année passée à l’Euro à Tallinn (Estonie -> Loïc y était en qualité d’adjoint de Cédric Énard à la tête de la sélection balte, Ndlr). L’Allemagne, dont il était sélectionneur, étant dans notre poule avec encore l’équipe de France. » Pour cette nouvelle aventure aux commandes de la sélection tricolore, Giani était à la rechercher, pour compléter son staff, d’un entraîneur français afin de faire le lien, notamment par rapport à la langue.
« Ce sera mon rôle, continue l’ancien géomètre, assurer une bonne communication avec les joueurs. Je les connais, même si nous ne sommes pas nécessairement des proches. J’ai joué avec ou contre certains d’entre eux, quand ils arrivaient, ils étaient tout jeunes à l’époque, ils sont aujourd’hui les plus anciens de la sélection… Là, je vais prendre une vraie “claque“ d’ailleurs (rires). Mais ce lien entre staff et joueurs devrait de fait être assez facile à mettre en place, même si mon changement de statut de fait constituera aussi un petit challenge. »
Une mission bien « dans l’ADN » du “patron“ fréjusien, et dans la lignée de son rôle au sein du club est-varois.
Fréjus, sélection estonienne, équipe de France !
Où la nouvelle a d’ailleurs été saluée à sa juste mesure. Après l’aventure estonienne (2020-2021), aux côtés d’un Cédric Énard, qui a en ce qui le concerne rebondi comme sélectionneur de la Croatie, la carrière de Loïc Geiler prend une toute autre dimension. « C’est un grand honneur pour moi, une très grande fierté. Et le même sentiment prévaut au club. C’est une récompense de tout le travail que nous y effectuons depuis presque une décennie maintenant. Cette expérience, qui me permettra d’apprendre encore, de rencontrer d’autres personnes, va également servir au Fréjus Var Volley, pour faire grandir ce club. C’est colossal… »
Il va sans dire que Fréjus pourrait se retrouver plus souvent qu’à son tour sur le devant de l’actualité. Car la France, 4e au dernier ranking mondial, n’a sans doute pas fini de faire parler d’elle !
Ce gang de “gentils fous“ qui composent la sélection – les “Barjots du volley“ pourrait-on presque les surnommer… –, s’est forgé un sacré palmarès au fil des ans, considérablement enrichi sous l’ère Laurent Tillie notamment (Ligues mondiales 2015 et 2017, 3e en 2021, l’or européen en 2015 et, bien sûr, l’or olympique en 2021).
Ligue mondiale, championnats du monde, mais surtout PARIS-2024 !
Et les échéances à venir sont particulièrement alléchantes avec le retour de la Ligue mondiale (7 juin -> 10 juillet avec des déplacements au Canada, aux Philippines, au Japon, et une phase finale du 20 au 27 juillet) puis les championnats du monde à suivre (26 août -> 11 septembre), non plus en Russie (l’organisation lui a été retirée suite au conflit armé contre l’Ukraine), mais dans un pays encore à désigner. « C’est sûr que ça va être un peu le rush. Même s’il ne part pas de zéro, Andrea va devoir apprécier ce qu’il a à disposition, se faire son idée des forces en présence pour construire le meilleur groupe possible. Avec cet objectif principal, ce Graal que seront les Jeux de Paris-2024. »
Geiler parfait dans ce costume…
parce qu’il le vaut bien
Pour autant, gageons que les Tricolores voudront continuer d’imprimer leur patte et leur folie sur les compétitions intermédiaires, de la Ligue mondiale aux Mondiaux, sans oublier un nouvel Euro en 2023.
Et dorénavant, on le sait, Loïc Geiler en sera. Parce que son nouveau costume d’adjoint lui va bien, parce qu’il le vaut bien…